vendredi 2 avril 2010

L'affaire Zemmour vue du Québec

Article publié sur le site causeur.fr (extrait) :


[...]


À la bourse du standing médiatique, l’apparence de vertu est trop payante, la négation du réel trop tentante, pour que la vertu réelle incarnée par des intelligences de sens commun comme Zemmour s’impose comme pôle de convergence du débat public.


Car enfin, Zemmour a-t-il raison, oui ou non ? On sait que la République française interdit les statistiques ethniques officielles, ce qui rend ce genre de postulat toujours un peu périlleux – d’un point de vue méthodologique, s’entend. Dans la lettre qu’il a adressée à la LICRA, Zemmour cite cependant ses sources : “Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la Justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de musulmans dans les prisons entre 70 et 80 %. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre L’islam dans les prisons (Balland), confirmait ce chiffre. En 2007, dans un article du Point, qui avait eu accès aux synthèses de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) et de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), on évaluait entre 60 et 70 % des suspects répertoriés issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG, relevait que 85 % de leurs auteurs sont d’origine maghrébine. Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes établissaient que 87 % étaient de nationalité française, 67 % d’origine maghrébine et 17 % d’origine africaine. La ‘plupart’ est donc, au regard de ces chiffres, le mot qui convient.”


Or, il semblerait que ce soit moins la validité des propos qui soit en cause que leur caractère prétendument “insupportable”. Apparemment, “la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes” ne se dit pas, à tout le moins pas de cette façon, même si “c’est un fait”. Veut-on dire par là que l’énoncé de vérités n’est plus permis sur le territoire de la République ? Voilà qui serait original, à défaut d’être raisonnable. On sait que, depuis une vingtaine d’années, les sociétés occidentales tirent une grande fierté de leurs innovations toujours plus poussées en matière de contrôle du discours public. Elles s’idolâtrent et se contemplent, s’imitent et se cajolent. Leur appareil d’État, secondé par d’innombrables satellites associatifs, ne cesse de gonfler à mesure que grandit leur amour du genre humain. Cette sentimentalité paternaliste qui croit devoir intervenir à tout moment pour protéger tous et chacun de la blessure de la parole relève d’une fraternité pastorale dangereuse, à peine digne de la non-pensée des marchands de pub et des écrivains humanitaires. Elle stigmatise de facto le réel comme une source de haine, en tant qu’il serait une source de division et de différenciation. L’important ne serait plus d’être fidèle à la réalité, mais de lui substituer une interprétation collagène qui viendra en effacer les strates les moins présentables. Car contrairement à la vie, le décor publicitaire de gauche comme de droite n’a pas d’envers. Il est la façade du néant.


Dans son texte du 26 mars dernier dans Le Monde, Caroline Fourest, par exemple, ne conteste pas la sur-représentation des Noirs et des Arabes comme trafiquants. Elle écrit : “Enfin, oui, Éric Zemmour, la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. Non pas parce que le fait d’être noir ou arabe mène naturellement ou culturellement au trafic. Mais parce qu’on a beaucoup plus de chance de devenir dealer de shit que journaliste quand on naît dans des familles pauvres ne misant pas sur la culture.” On remarque d’abord le malheureux procédé qui consiste à entremêler dans son propre raisonnement, pour mieux le tortiller et le falsifier, le raisonnement de l’adversaire. Ce “non pas parce que le fait d’être noir ou arabe mène naturellement ou culturellement au trafic” n’a rien à voir de près ou de loin avec ce qu’a dit Éric Zemmour, mais Fourest fait comme si. On comprend que, pour elle, l’important est moins ce qu’il a dit que ce qu’il aurait voulu dire. Aveuglée par l’idéologie anti-raciste, elle prête des intentions et des “fantasmes” à celui qui se sera contenté d’énoncer une vérité factuelle.


Le sujet n’étant plus la sur-représentation des Noirs et des Arabes comme trafiquants, mais le “cas Zemmour”, la polémique a donc tourné autour des prétendues intentions racistes du journaliste. C’est d’ailleurs pourquoi elle a pris des proportions aussi impressionnantes. La violence qu’elle a véhiculé – et continue de véhiculer – n’entre pas dans la catégorie du “débat sulfureux”, ce qui serait beaucoup trop commode. Par son hostilité de principe à toute vérité et à toute méthodologie, elle rappelle plutôt le mécanisme primitif du lynchage et du procès inquisitorial. Il ne peut pas y avoir débat lorsqu’on s’ingénie, par mauvaise foi, à parasiter les termes de la polémique, ceci pour mieux encourager l’expulsion d’un homme qu’on ne veut plus voir comme un interlocuteur, mais comme un accusé.

[...]


L'article dans son intégralité ici : http://www.causeur.fr/l%E2%80%99ideologie-une-passion-francaise,6053

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire